Les Tortues du Satuc

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Le marathon de Dubaï

Le vainqueur, jeune Ethiopien Tamira TOLA, réalise 2h 4’11’, soit une amélioration de son record antérieur de plus de 2 minutes. Il avait terminé 3ème à RIO 2016 sur le marathon olympique.

Le marathon de Dubaï, c’est la meilleure densité au monde de bons marathoniens.

Une raison simple : c’est le plus doté financièrement avec plus de 1 million de dollars distribués en primes d’arrivée, une prime au vainqueur de 200.000 dollars, une prime au record du monde de 100.000 dollars. Mais il n’a toujours pas réussi à épingler un record du monde. Le marathon de BERLIN étant plus propice aux records

Du monde.

Les jeunes Ethiopiens réalisent une grosse performance, autour des 2h04’-2h05’, mais ensuite ils disparaissent.

La plupart de ses jeunes  coureurs viennent maintenant directement au marathon, sans passer par le classique

5 000/10 000 m.

Un invité surprise : Kenenisa BEKELE. Mais il a abandonné au 23 ème Kilomètre.

Sur les images de DUBAI,  il apparaît clairement que l’Ethiopien utilise une chaussure avec une semelle plus étoffée que la normale. NIKE  n’a pas communiqué de manière formelle sur la technologie intégrée dans la semelle, qui devrait permettre au marathonien d’aller plus vite. Dans les différentes informations circulant sur ce thème, il est beaucoup question de petits ressorts qui seraient placés au talon et apporteraient un effet rebond qui boosterait la foulée.

C’est ce printemps que devrait avoir lieu la tentative d’éclipser la barrière des 2 heures dans le cadre du projet NIKE. Eliud KIPCHOGE, le leader de ce projet, champion olympique en titre à RIO 2016, l’a annoncé pour mai prochain. Alors, que penser de cette idée folle ? Qu’elle demeurera folle. C’est l’opinion bien affirmée de Jean Claude VOLLMER, un spécialiste du marathon :  « Le record du monde de l’heure d’Haïle GEBRESELASSIE est de 21.285 kilomètres. Cela voudrait donc dire qu’il faut courir 2 fois le record du monde à la suite ».

 

Boughera EL OUAFI

Alain MIMOUN triomphe sur le marathon de MELBOURNE 1956 et paradoxalement fait sortir de l’ombre le vainqueur français du marathon olympique de 1928, EL OUAFI, lui aussi originaire d’Algérie.

Boughera EL OUAFI est né en 1903.

Il est découvert pour la course à pied alors qu’il effectue son service militaire au 25ième régiment des tirailleurs dans les derniers mois de la première guerre mondiale.

Découvert pour ses qualités athlétiques, il représente la France au marathon de PARIS 1924. Il termina 7ème en 2 H 54 mn. En 1928, ce sont les Jeux d’AMSTERDAM. A la surprise générale, il l’emporte en 2 H 32 mn 57 s.

Ici, une Ambiance des jeux de 1928 (Amsterdam)

https://www.youtube.com/watch?v=3bo9yNiKEq4

EL OUAFI n’est pas habitué à cette gloire naissante. Il part pour les EU monnayer son talent. Il devient professionnel mais de retour à Paris est exclu de toutes compétitions pour raisons de professionnalisme.

Il est dans le même cas que Jules LADOUMEGUE.

Il devient ensuite ouvrier spécialisé aux usines Renault. La France sportive de 1956 qui découvre MIMOUN et l’or olympique découvre rapidement avec un vague sentiment de culpabilité un vieux monsieur de 57 ans qui est devenu clochard. MIMOUN fut le premier à le dépanner et à l’aider mais en 1959, un fait divers tragique propulsa de nouveau El OUAFI sur le devant de la scène : lors d’une fusillade dans un petit café de Saint-Denis, il figura parmi les victimes. Après enquête, lutte entre fractions rivales du FLN. Il repose dans le carré musulman du cimetière de Bobigny. La municipalité communiste de Saint Denis a inauguré une rue portant son nom, en face du stade de France, juste avant le Mundial 1998. Clin d’œil de l’histoire : 1928 : El OUAFI /1956 : MIMOUN/ 1998 : ZIDANE.

Un beau documentaire  sonore sur EL OUAFI issu de  la Fabrique de l’histoire, France Culture :

Un pan d’histoire de l’après-guerre.

https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/emotions-25-el-ouafi-ou-la-gloire-ne-dure-que-42195-kilometres

Ce WE, notre ami Denis KIMETTO ne participait au marathon de DUBAI. On attendait Kennisa BEKELE, qui avait annoncé qu’il allait battre le record du monde. Il a dû abandonner au 23 ème km. Le vainqueur, son compatriote  Adere TOLA, 3ème du 10 000 mètres de RIO 2016.

Il se murmure que BEKELE viendrait battre le record du monde du marathon à Paris en avril 2017. A voir.

De son côté, Eliud KIPCHOGE, champion olympique en titre, annonce qu’il passera bientôt sous les 2 heures. A voir. Il est actuellement financé par Nike dans le cadre de ce projet. Notre ami KIMETTO étant financé par Adidas. Le record du monde du marathon ne peut être amélioré que par des coureurs provenant des hauts plateaux de l’Afrique de l’Est (Kenya, Ethiopie ou Somalie, pays d’origine du champion olympique du 5 000 / 10 000 Mo FARAH). Suite au prochain épisode.

Pour finir : un très beau documentaire sonore (France Culture) de Marion THIBA sur le « mystère de la balle ovale ». Thème : le  rugby.

Nous sommes souvent venus à la CAP après un sport collectif. Clin d’oeil

La voix (toujours expressive) de Jean LACOUTURE

http://www.parc-naturel-narbonnaise.fr/archives_du_sensible/comite/marion_thiba.html

 

Lasse VIREN, le finlandais

En réalisant le doublé 5000-10 000 aux jeux olympiques de Munich 1972 et Montréal 1976, le finlandais Lasse VIREN non seulement entre dans l’histoire du demi-fond mais il perpétue la légende de ses glorieux prédécesseurs : KOLCHMAI NEN (1912) Paavo NURMI (1920 et 1924) RITOLA (1924) et SALMINEN (1936)

La Finlande éternelle, le drapeau blanc frappé de la croix bleue. Le demi-fond et le lancer du javelot sont  une religion.

Néanmoins, de Berlin 1936 à Munich 1972, la Finlande aura attendu 36 ans sa résurrection olympique.

Et pourtant, lors du 10 000 mètres de Munich, un peu avant la mi-course, VIREN chute tout comme le tunisien  GAMMOUDI mais repart immédiatement. La course est menée d’un train d’enfer par le britannique Dave BEDFORD qui passe au 5 000 sous les temps du record du monde mais faiblit progressivement. Au final, VIREN produit une longue accélération qui anéantit la résistance du belge Emile PUTTEMANS et de l’éthiopien Miruts YIFTER. Lasse VIREN, coureur filiforme, 1,80, 60 kg, une foulée courte mais des jambes qui n’en finissent pas,  améliore le record du monde de l’australien Ron CLARKE en réalisant 27 mn 38 secondes 4.

Cette course va donc faire l’Histoire…

https://www.youtube.com/watch?v=mglwnEG86Xs

Dix jours après, il s’imposera dans le 5000 mètres.

En 1976, à Montréal, sur 10 000, il domine le favori le portugais Carlos LOPES et sur 5000, dans une course relevé, sa science de la course fait la différence. Il s’essayera aussi durant cette olympiade au marathon pour rééditer la performance de ZATOPEK, vainqueur du 5 000-10 000-Marathon des jeux de 1924. Il finira 5 ème. Aux jeux de Moscou 1980, il tentera bien la passe de trois mais s’en est de trop.

En remportant le 5000 et le 10 000 la même année olympique, il rejoint ainsi Hannes KOLEHMAINEN (1912) , Emil ZATOPECK (1952) Volodymyr KUTS (1956), Miruts YIFTER (1980), Kenenisa BEKELE (2008) Mo FARAH (2012 et 2016)

Lasse VIREN est né le 22 juillet 1949 à Myrskyla à 70 km au sud-ouest d’Helsinki, 3ème des 4 garçons de la famille. Il s’adonne dès sa plus tendre enfance à la pratique du ski de fond.

En course à pied, il ne déroge pas à la tradition des athlètes nordiques : entraînement méthodique, chronométré, mêlant différents types de course, n’hésitant pas à courir 50 km par jour. Il a fait appel à un entraîneur néo-zélandais, Arthur LYDIARD qui a fait la renommée de son pays. Son secret aussi : boire du lait de renne.

Après la compétition, il deviendra banquier et homme politique faisant la promotion du sport à l’école

Au début des années 1970, la Finlande est dominatrice : VASALA remporte le 1500 m de Munich devant le kenyan KEINO et  en 1971, Julia VAATAINEN, blessé à Munich, s’impose dans le championnat d’Europe à Helsinki réalisant le doublé 5000-10 000.

Retour en arrière : En 1912, aux jeux de Stockholm, sur 5000 mètres,  le finlandais Hannes KOLEHMAINEN bat sur le fil le français Jean BOUIN. Il annonce la légende vivante : le finlandais volant du nom de Paavo NURMI, 1,74, 65 kg, 5 médailles d’or aux jeux  de Paris 1924. Il a été détenteur de 28 records du monde entre 1920 et 1932. Une seule ombre : sa défaite au 5000 des jeux de 1920 battu par un français Joseph GUILLEMOT

Paavo NURMI est né le 13 juin 1897 à Turku, ville du Sud-ouest de la Finlande, dans une famille humble. Perdant prématurément son père ébéniste de métier, il quitte l’école et commence à travailler dans une filature. La course à pied devient sa vie. Robert PARIENTE rappelle un précepte de NURMI : « Un coureur doit toujours vivre pauvre et se sentir toujours pauvre »

En 1932, il ne peut participer aux jeux de Los Angeles en raison d’une suspension pour professionnalisme.

Il décède en 1973 d’une crise cardiaque. C’est toute la Finlande qui pleure et qui ensuite élève des statues de bronze à son effigie.

Il ya du religieux dans l’athlétisme finlandais et on comprend mieux la phrase d’Antoine BLONDIN rapportée par Robert PARIENTE : « les coupes et les médailles conquises par les finlandais vont enrichir un patrimoine commun où elles ont valeur d’ex-voto et de reliques ».

A l’Histoire, il faut surtout y ajouter la  géographie. On imagine les paysages : une masse de brouillard, un ciel bas, une masse grise de nuages bas, un hiver qui dure…

Pas d’infos cette semaine de notre ami Denis KIMETTO, recordman du monde du marathon mais sur un entrainement de fartlek au kenya. Montées et descentes que je vous conseille de faire le dimanche en sortie longue.

https://www.youtube.com/watch?v=GoNsRZA7r2M

Un bon documentaire (documental comme disent les espagnols) sur l’addiction à la course à pied. Une bonne addiction.

https://www.youtube.com/watch?v=6Q9Od07iVok

 

Le tchèque Emile ZATOPECK

chaque semaine, je vous fais le portrait d’un(e) athlète de haut niveau.
On doit toujours s’inspirer du haut niveau ; en ce sens on observe ce qu’est le relâchement, une foulée économique et esthétique, le positionnement du haut du corps,…

Cette semaine, côté athlétisme, retour sur le tchèque Emile ZATOPECK, grand triomphateur des jeux olympiques d’Helsinki 1952 qui réalise un triplé historique, inégalé à ce jour : 5000, 10 000 et Marathon. On retrouve le tchèque, 1 m 74 et 66 kg dans le final du 5 000 mètres, trouvant les ressources nécessaires pour l’emporter devant Alain MIMOUN et l’allemand Herbert SCHADE

Quelques minutes après son triomphe, ZATOPECK assiste au couronnement de son épouse Dana qui remporte le titre olympique au lancer du javelot.

En 1956 à Melbourne, il finit 6ème du marathon remporté par son ami MIMOUN. Fin de carrière.

Emile ZATOPECK est né en 1922 à Koprivnice, dans la région de Moravie-Silésie, dans une famille modeste dont il est le 6ème enfant. Son père était charpentier. Il doit travailler dès l’âge de 16 ans aux usines Bata à Zlin. Le soir, il étudiait la chimie. Mais après son service militaire, il continue dans la carrière militaire.

Pendant ses courses, il présentait un visage crispé de douleur, la tête penchée sur le côté, aux limites de l’agonie. Il fût l’un des premiers à s’entraîner d’une manière très dure. Son surnom était la Locomotive.

Il soutient le printemps de Prague, période de l’histoire de la République socialiste tchécoslovaque durant laquelle le parti communiste tchécoslovaque introduit le Socialisme à visage humain et prône une relative libéralisation. Cette période débute en janvier 1968 avec l’arrivée au pouvoir du réformateur Alexandre DUBCEK et s’achève le 21 août 1968 avec l’invasion du pays par les troupes du Pacte de Varsovie.

Emile ZATOPECK est radié de l’armée. « La liberté existe, il suffit d’en payer le prix »

Il est réhabilité en 1975. En 1992, l’ex-Tchécoslovaquie se sépare en République Tchèque à l’ouest et Slovaquie à l’est. Il meurt en novembre 2000, un dernier combat contre la maladie. Les légendes ne meurent jamais.
Il y a de nombreux documentaires sur la vie de ZATOPECK. En voici un en Français. Sinon, il faut arriver à maîtriser ou commencer à apprendre le Tchèque ou le Slovaque.

On continue notre rencontre avec le recordman du monde du marathon : Denis KIMETTO.
Il s’entraîne ici, d’une manière bienveillante, en Colombie, avant le semi de Bogota, dans un groupe, qui pourrait être le nôtre.

Bonne semaine à tout le monde,

Denis KIMETTO, le recordman du monde du marathon

chaque semaine, je vous fais le portrait d’un(e) athlète de haut niveau.

On doit toujours s’inspirer du haut niveau ; en ce sens on observe ce qu’est le relâchement, une foulée économique et esthétique, le positionnement du haut du corps,…

En fin d’année 2016, on était resté avec Denis KIMETTO, le recordman du monde du marathon s’entrainant à vos allures (4 mn 15 au 1000 mètres) le voilà maintenant en plein effort : marathon de Berlin 2014, établissant son record à 2 H 02 mn 57 s

https://www.youtube.com/watch?v=NYu4hbksOBg

Ce sera notre fil rouge 2017. On prendra régulièrement de ses nouvelles.

C’est encore loin la mer…et le record du monde du marathon