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Michel JAZY

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napadelo@free.fr

Côté athlétisme cette semaine, je vous transporte au Japon, aux jeux de Tokyo 1964, dans le final du 5000 mètres. Un grand favori, notre Michel JAZY national. A 300 mètres de l’arrivée, sous la pluie, il démarre de manière violente, trop violente puisqu’il terminera finalement 4 ème, craquant à 100 mètres de l’arrivée. Avant et après son attaque, il s’est retourné moult fois, gagné par la peur de l’issue finale.

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=F1zYmckCaO8

 

 

C’est une grosse déception mais une foule nombreuse vient le réconforter à sa descente d’avion. Le grand favori, l’australien Ron CLARKE aura, lui aussi, raté les jeux. Pour se consoler, la France du demi-fond  découvre une femme, la bretonne Maryvonne DUPUREUR qui finira médaille d’argent du 800 mètres en 2 mn 1 seconde 9.

 

Mais comme le dit l’écrivain Primo LEVI, on tire davantage de ses erreurs que de ses succès. Qu’on se le dise.

 

 

En effet, 4 ans avant, contre toute attente, Michel ZAZY obtient la médaille d’argent du 1500 mètres des jeux olympiques de Rome en 1960 derrière le grand favori l’australien Herb ELLIOT. L’autre français Michel BERNARD qui finira 7 ème fut le grand animateur de cette course.

Son exploit est d’autant plus retentissant que la France rentre bredouille de médaille d’or.

La carrière de Michel ZAZY est lancée. Nous étions dans les années 1960 et il n’était pas rare d’interrompre le Palmarès des chansons de Guy LUX ou Cinq colonnes à la Une de Pierre DESGRAUPES pour filmer en direct à charléty une course-record de Michel ZAZY. Raymond MARCILLAC prenait ainsi l’antenne pour quelques 10 millions de téléspectateurs.

 

 

Mais en 1965, Michel ZAZY repart de plus belle. C’est  la saison des records du monde : mile, 2 miles, 2 000, 3 000, relais 4 fois 1500. C’est la revanche.

En 1966, il obtient le titre européen du 5000 à Budapest.

 

Il succède dans le panthéon du demi-fond national à un certain Jules LADOUMEGUE (médaille d’argent aux JO d’Amsterdam 1928 sur 1500) avant sa radiation pour professionnalisme mais aussi à un Jean BOUIN, médaille d’argent sur le 5000 des jeux de Stockholm 1912 avant de rencontrer un obus sur le front de Verdun le 29 septembre 1914.

 

Michel ZAZY est né le 13 juin 1936 à Oignies, dans le Nord. Elevé tout d’abord par ses grands-parents, immigrés polonais, depuis la séparation de ses parents, il connaît l’existence des familles de mineurs. Son père, mineur comme son grand-père, décèdera de la silicose.

 

A quatorze ans, il rejoint sa mère à Paris. Ses qualités athlétiques seront remarquées par René FRASSINELLI qui deviendra son entraîneur au CA Montreuil.

 

En 1956, il obtient sa première sélection avec l’équipe de France. Il voyage avec MIMOUN, partage sa chambre au village olympique de Melbourne, apprend vite.

Il est conseillé par Marcel HANSENNE, médaillé de bronze du 800 mètres de Londres 1948.

Et chose surprenante pour l’époque : le journal L’Equipe et son rédacteur en chef Gaston MEYER lui confie un poste de typographe dans le journal, lui permettant de s’entraîner dans de bonnes conditions. Les résultats ne peuvent que suivre. Pour la petite histoire, Michel BERNARD, natif de la même région du Nord,  s’entraînait seul en forêt après sa journée de travail comme manœuvre dans une usine. Un temps où l’athlétisme rimait avec usine et ouvrier.

A l’époque, les deux  hommes ne se parlaient pas, s’ignoraient. A quoi peut tenir un destin…Michel BERNARD a grandi avec l’ombre portée de son père mort à la dernière guerre.

 

L’histoire du demi-fond français, c’est un peu en raccourci l’histoire de notre identité nationale

 

 

Actuellement, Michel ZAZY réside sur la côte landaise. On lui doit le parcours Feriascapade de Dax que les coureurs-festayres habitués des fêtes d’août connaissent bien.

 


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